La Superligue française de cricket a repris, le saviez-vous ?

Il y a quelques semaines, j’écrivais un billet sur la reprise de la 1ère division française du baseball pour le site The Strike Out : l’anonyme championnat de France D1 de baseball reprend. Si j’ai du parler d’anonymat pour le baseball français, quel mot peut alors convenir pour la 1ère division du cricket français, la Superligue ?

Fantomatique ?

Voilà un mot un peu fort mais qui résume la médiatisation du cricket français. Si la D1 baseball est un championnat anonyme, la Superligue est sans nul doute hyper-anonyme, un fantôme du sport français. Et pourtant, depuis la création de la première division en 1987, elle continue à lutter pour son existence. Il faut dire que longtemps, la communication n’était pas, comme dans le baseball et le softball français, une priorité. C’est récemment que France Cricket, association gérant le cricket national et la Superligue, a commencé un travail dans ce domaine.

France Cricket a entamé récemment un vrai travail de communication. On part quand même de loin et cela manque de relais.
France Cricket a entamé récemment un vrai travail de communication. On part quand même de loin et cela manque de relais.

Elle a ainsi renommé la première division Superligue en 2007 avant de l’adapter au format Twenty20 en 2012 avec balle blanche et des tenues couleurs pour chaque équipe, pour éviter d’avoir des équipes toutes de blanc vêtues, ce qui ne facilite pas l’identification des clubs ou à un club. Le passage au format T20 a ainsi permis des matchs plus courts et donc plus abordables pour le public français. Un format qui est devenu la norme pour les grandes compétitions internationales comme les dernières coupes du monde T20 Femme et Homme qui se sont tenues en Inde le mois dernier.

Néanmoins, le chemin est encore long pour attirer le public et offrir de la visibilité à ce championnat. Plusieurs raisons à cela et en premier lieu, la communication des clubs.

Si France Cricket fait un effort, pas encore suffisant mais déjà significatif, en matière de communication, les clubs sont plus ou moins aux abonnés absents. On ne dira pas que la communication est inexistante. Elle est juste quasi-inexistante. Peu de clubs de Superligue ont un site internet et ceux qui en ont un ne le mettent pas à jour. Même le PUC, qui dispose également d’une équipe en première division de baseball et qui est le club le plus prestigieux du baseball/cricket français, n’a plus de communication sur ses équipes premières. Car cette absence de communication s’étend aux réseaux sociaux où les clubs sont absents avec des pages Facebook qui n’ont pas été actualisées depuis plusieurs années pour la plupart des clubs.

France Cricket est donc la seule entité du cricket français à permettre un suivi du championnat à travers le site crichq.com, où l’on peut retrouver résultats et statistiques individuelles et collectives, et ses réseaux sociaux. Cependant, ce genre de sites, très important, ne permettent pas de transmettre la passion ni de « romancer » une compétition pour lui donner de l’intérêt. Transactions, changement de coach, joueurs prometteurs, comptes rendus de matchs… difficile de s’intéresser à un championnat dont on ne sait rien et où personne ne peut le déchiffrer pour nous, en l’absence de sites spécialisés.

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De temps en temps, un média local s’intéresse au cricket.

Autre problème, le manque d’infrastructures avec un nombre de terrains réduits, obligeant certains clubs à jouer sans cesse à l’extérieur. Difficile de faire venir le public local dans ces conditions. Sans compter que les terrains sont souvent minimalistes, sans tribune, excentrés voir cachés comme le terrain de Polygone au Bois de Vincennes.

Enfin, le cricket souffre de son image « communautariste », d’équipes d’anglais ou issues du sous-continent indien. Cela est particulièrement vrai dans la Superligue qui concentre presque exclusivement des clubs franciliens, mis à part Dreux, eux-mêmes composés presque exclusivement de joueurs pakistanais, indiens, bangladais ou sri-lankais. La Superligue apparaît alors comme un championnat super-régional donnant la possibilité à quelques immigrés de pratiquer leur passion après de dures journées de labeur. C’est souvent le parti-pris des médias locaux ou nationaux qui leur consacrent parfois un article, un reportage. Un parti-pris sur l’insolite, le curieux de la situation mais qui empêche l’adhésion du public français qui ne peut voir la Superligue comme un championnat national sérieux, en l’absence des clubs du reste de la France ou de joueurs issus de la tradition sportive nationale.

D’ailleurs, la question des origines des joueurs du cricket français, quelque soit la division, est un vieux débat dans le développement de ce sport en France. Comment sortir le cricket français des communautés issues de pays cricket (de l’Angleterre à l’Inde en passant par le Pakistan ou le Blangadesh) pour le développer auprès de nouveaux publics, dans un pays concurrentiel en matière d’offres sportives et avec un sérieux concurrent pour les sports de batte avec le baseball et, dans un moindre mesure, le softball ?

Sachant que la première division et l’équipe nationale sont des vitrines essentielles dans le développement d’un discipline, l’enjeu est grand de mettre en lumière la Superligue. Sponsors, subventions, création de terrain, augmentation des licencié-es sont les gains potentiels d’un championnat de plus en plus médiatisé tant par la presse que par France Cricket et les clubs eux-mêmes. Surtout à l’ère d’internet, il est inexcusable de ne pas communiquer quand cet outil vous permet de suppléer l’absence des médias classiques.

Après avoir abordé tous ces problèmes, qu’en est-il de la Superligue 2016 ? En l’absence de communication, difficile de prédire à quoi ressemblera le championnat cette saison, surtout qu’il est difficile de trouver les résultats 2015. Essayons tout de même d’y voir plus clair. Cette année, les huit équipes participantes sont :

United Sri-Lankan Cricket Association de Paris

USCA est le champion en titre. En 2015, il a glané son premier titre et sera donc un solide prétendant pour le conserver.

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Northern Cricket Ckub d’Aubervilliers

Le Northern est un solide club de Superligue. Finaliste de l’édition 2015, il a remporté le titre trois fois dont en 2007 pour ce qui fut sa dernière apparition en finale avant 2015. le Northern est également le club maudit de la saison dernière car, en plus d’échoué en finale de la Superligue, il perdit les finales du Jinnah Trophy face au PUC et de la Coupe de France face à Dreux. Quand ça veut pas… Nul doute que les joueurs d’Aubervilliers voudront laver l’affront en 2016.

Paris Université Club (PUC)

Le doyen des clubs de baseball et de cricket est également le plus prestigieux en terme de trophées avec notamment le record de titres de champion de France cricket (10). Après le triplé de 2011 à 2013, le PUC a échoué à faire le quadruplé en 2014 plus pour des raisons d’organisation que des problèmes de performance. Le PUC aligne toujours une équipe redoutable pour peu qu’elle ne se pénalise pas elle-même. Elle a d’ailleurs remporté le Jinnah Trophy 2015 face à Northern, le finaliste 2015 de la Superligue.

Dreux Cricket Club

Dreux est un autre club référence de la Superligue. S’il n’a remporté deux titres (2001, 2006), il a participé au total à huit finales notamment les éditions 2012 à 2014. Il a également remporté la coupe de France en 2015, s’affichant encore comme l’un des clubs les plus forts du championnat.

Balbyniens Cricket Club 93

Les Balbyniens ont perdu leur titre de champion 2014 la saison dernière, un titre déjà conquis en 2009. Sans nul doute, les joueurs du 93 seront encore présents dans la course au titre.

Francilien Cricket Club de Paris

Peu d’information sur ce club déjà présent depuis plusieurs années en Superligue mais qui n’a jamais pu ce rapprocher du haut du classement.

Creil Cricket Club

Comme le Francilien, Creil est un habitué des luttes de la première division s’en pouvoir se mêler à la lutte au titre.

Cricket Club Saint Brice 95

Le promu, champion de la D2 2015, sera le petit poucet de la compétition. Une saison d’apprentissage avant d’espérer plus ?

2016 devrait voir une lutte à cinq pour le titre de champion entre USCA, Northern, le PUC, Dreux et Balbyniens 93. Difficile de dire qui en sortira vainqueur car peu de clubs ont réussi à enchaîner deux titres d’affilée en dehors du PUC (1993-1994, 1996-1998, 2011-2013), le Standard AC (1987-1989) et Thoiry CC (1991-1992). Ce qui veut dire que USCA créerait un mini-exploit en conservant son titre mais qu’il y a surtout une forte probabilité pour que le champion puisse être l’une des quatre autres écuries.

Une lutte à cinq palpitante dans le plus grand des secrets…

En bonus, un reportage de l’AFP sur notre équipe de France datant de février 2015 :


3 réflexions sur “La Superligue française de cricket a repris, le saviez-vous ?

  1. Bravo.
    Bel article.
    Très juste.
    Cet esprit communautaire a tendance à s’accentuer me semble t il avec en plus des sponsors eux aussi issus du sous-catégorie continent indien.

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    1. La recherche de sponsors est difficile. On trouve l’argent où on peut même si cela peut accentuer ce côté « communautaire ». Il est évident qu’il faut sortir le cricket français du « Commonwealth » pour qu’il se développe. C’est possible car c’est un beau sport, ludique. Et cela se fait en cricket féminin avec les équipes de Nantes ou du PUC.

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    2. En fait, le problème n’est pas l’esprit communautaire. Il s’agit plutôt que les clubs sont fondés par des gens issus d’une même région, d’un même État et font office d’amicales. Le même phénomène s’est produit avec le foot pour les Espagnols et les Portugais. La différence est que le foot est un sport très populaire en France et que des non-Ibériques de toutes origines ont pu s’y inscrire sans aucun problème.
      Au cricket, le problème, c’est que personne ne vient ou presque. Quand un Français vient, ils sont ravis. Les clubs ne sont pas fermés. Mais le problème est que, au moment de composer l’équipe, les rapports entre eux prennent aisément le pas et, à moins d’un effort volontariste, entre le Français et un joueur du pays, c’est le dernier qui est choisi, même si celui-ci ne vient pas aux entraînements. Et même le PUC subit ce même genre de problème. Et j’ai dit un Français, mais ça peut être n’importe qui d’autre, qui n’est pas issu du pays, y compris quelqu’un du sous-continent indien.
      Et cela pose d’ailleurs la question de la pérennité de ces clubs, car au bout d’un moment ses membres vieillissent et cessent de jouer, et les enfants ne prennent pas toujours le relais…
      Beaucoup sont conscients du problème, sinon pratiquement tous, mais, quand on forme de petites communautés, il est difficile de ne pas se replier sur soi.
      Sur la question des sponsors, hormis l’ICC (la fédé internationale), il n’y en a pas. L’ambassade du Pakistan donne un petit coup de main, mais, à ma connaissance, c’est tout.
      Le problème, c’est le retrait de l’État dont l’absence d’intervention et l’obsession de ne pas dépasser les budgets limitent considérablement le soutien. Si pour des sports populaires comme le foot, le rugby, le hand, le basket ou le volley, qui trouvent des sponsors, ça a un effet bénéfique, pour tous les autres, ça devient la croix et la bannière.

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