Une nouvelle fois, Netflix met le cricket à l’honneur. Dans sa stratégie de séduire le marché indien, la plateforme américaine multiplie les contenus cricket et n’hésite pas à les sortir au-delà du sous-continent indien et des pays amoureux de ce sport afin de le faire découvrir jusqu’en France. La dernière proposition met en avant le cricket au féminin avec un documentaire sur la dernière coupe du monde féminine en format T20, qui s’est tenue en Australie au mois de mars dernier.
Titré sobrement Chronique de la coupe du monde féminine de cricket 2020 (Beyond The Boundary en VO), ce documentaire réalisé par Anna Stone est plus un résumé de la compétition, de presque une heure, qu’un réel documentaire explorant les coulisses de la compétition comme le promet la présentation de Netflix. Il est constitué d’une succession de highlights, entrecoupée par de courtes interviews de joueuses et de consultants. Après tout, il s’agit d’une production de l’ICC, la fédération internationale, ce qui explique cet aspect promotionnel. Néanmoins, ce documentaire est digne d’intérêt pour plusieurs raisons, particulièrement pour les néophytes.
Tout d’abord, et c’est sa plus grande force, il met merveilleusement en scène et en lumière le cricket au féminin et le sport de haut niveau pratiqué par les femmes. L’intensité des matchs, la technique hors pair des athlètes, leur mental, ce documentaire montre et démontre, pour celles et ceux qui en auraient encore besoin, toute la légitimité du sport au féminin. Une légitimité gagnée sur le terrain et dans les tribunes avec des stades remplis de supporters, adultes et enfants, femmes et hommes, quand la pluie ne vient pas gâcher la fête. Ainsi, la finale de la compétition rassembla plus de 86 000 personnes dans l’immense Melbourne Cricket Ground (100 000 places).
C’est là aussi un point fort du documentaire, qui ne veut pas rater sa promotion de ce jeu si souvent moqué, que de montrer que le cricket, y compris le cricket féminin, remplit des stades mais aussi excite le public qui vient déguisé, coloré et qui chante, crie, s’époumone pour encourager son équipe, loin du cliché convenu d’un sport ennuyeux de vieux gentlemen anglais.
Un autre atout est de montrer, à travers les highlights des principales rencontres, que le cricket n’est pas si compliqué à suivre. On peut profiter d’un match en ayant connaissance uniquement des principes de base : frapper (boundary, six) et courir pour marquer des points, faire tomber les guichets ou attraper une balle de volée pour éliminer. Et les joueuses se démènent sur le terrain avec des actions spectaculaires et des matchs de haute intensité, parfois indécis quand de grandes nations se rencontrent comme les différents Inde-Australie de la compétition. Le documentaire permet d’ailleurs de faire connaissance avec quelques unes des plus grandes stars du jeu, comme les australiennes Ellyse Perry (qui évolua également en équipe nationale de football) et Meg Lanning, l’indienne Harmanpreet Kaur, la sud-africaine Dane de Niekerk, la new-zélandaise Sophie Devine ou encore l’anglaise Heather Knight. La parfaite introduction au cricket et au cricket féminin.
Enfin, le documentaire s’attache à suivre l’équipe de Thaïlande, petit poucet de la compétition, et dont c’est la première participation. Bien que sortie de la phase de poule avec 3 défaites et 1 match nul, l’équipe a démontré un grand potentiel. Surtout, et ce n’est pas anodin de la part de l’ICC, elle est la preuve que le cricket est un sport mondial en expansion, résonnant avec le développement du cricket féminin à travers le monde, notamment en France depuis le début des années 2010. On regrettera que certaines équipes soient pas ou peu traitées comme les West Indies, le Sri Lanka ou le Pakistan.
A mi-chemin entre une publicité pour le cricket et un reportage sportif, Chronique de la coupe du monde de cricket 2020 reste efficace dans la double mission qui lui a été donnée : résumer une compétition pour les connaisseurs et faire découvrir le cricket à un public néophyte. Une double mission dont il s’acquitte proprement.