Objectif Danemark : entretien avec Emmanuelle Chauveau, joueuse des Dames de France

Ça bouge du côté du cricket féminin français. Les Dames de France ont fait l’actu de leur passion durant les dernières semaines à travers une campagne de financement participatif sur le site spécialisé Fosburit. Une campagne qui avait pour objectif de réunir 3000 euros pour permettre à l’équipe de France de participer au tournoi européen de cricket féminin qui aura lieu cette année du 3 au 7 août à Herning (Danemark).

Un tournoi relevé puisqu’il accueillera six équipes : France, Danemark, Allemagne, Norvège, Italie, Belgique (les Pays-Bas se sont désistés récemment). Une occasion pour nos Dames de France, à l’histoire encore récente, de grandir. Et de revenir sur le podium comme lors de la médaille de bronze de 2014 à Berlin. C’est en tout cas l’objectif déclaré.

La campagne a été un succès, les 3000 euros ayant été atteint. Un succès encore plus franc puisque deux sponsors maillot se sont ajoutés à la campagne de financement portant le budget participatif à 6760 euros à l’heure actuelle. Nos Dames de France porteront donc les logos d’AS International Group (société experte dans le numérique) et Indigo Safaris, agence de création de voyages sur mesure. Deux sponsors de dernière minute qui feront un bien fou au projet (et au budget) des Dames de France.

Désormais, l’équipe de France féminine peut se projeter avec envie et bonheur sur le tournoi européen et le Danemark. France Cricket a publié récemment la liste des joueuses sélectionnées pour le tournoi et l’encadrement de l’équipe. Avec la retraite de Sharon Whiting, le capitanat a été donné à la jeune prodige du cricket français Rebecca Blake.

Les françaises auront deux week-ends de préparation avec des matchs en Belgique les 25 et 26 juin puis contre Jersey, pour l’annuel trophée Olivier Dubaut, contre Jersey à Dol-de-Bretagne les 30 et 31 juillet.

Equipe de France féminine de cricket : Rebecca Blake (Nantes), Emmanuelle Breuvet (Nantes), Cargouet Maelle (Nantes), Dassanayaka Chamila (Thoiry), Chance Emma (Thoiry), Emmanuelle Chauveau (Nantes), Costaz Isabelle (Nantes), King Jennifer (Thoiry), Lemoine Krystel (Thoiry), Pierre Béatrice (Nantes), Rodriguez Tracy (Thoiry), Sthorez Emilie (Nantes), Ratnayake Vasanthi (Thoiry), Vrignaud Irma (Nantes)

Réservistes : Lieury Sabine (Nantes), Pecaud Sophie (Nantes), Wielezynski Danielle (Thoiry)

Encadrement : German Andrex (entraîneur), Joubert Jeremy (assistant), Blondel Julien (assistant)

Pour l’occasion, nous sommes allés à la rencontre d’une des Dames de France, Emmanuelle Chauveau, pour faire le point sur l’équipe et l’été palpitant qui attend l’équipe de France.

Du 3 au 7 août, les Dames de France se rendront au tournoi européen de cricket féminin (division 2) au Danemark. Que peux-tu nous dire des futures adversaires des Bleues (Danemark, Norvège, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas) ?

Nous jouerons contre cinq pays car malheureusement les Pays Bas se sont désistés. Nous avons gagné contre les Danoises il y a 2 ans à Berlin. Ce sera en leur faveur de disputer ce match à domicile. Nous nous attendons à avoir une équipe forte face à nous. Les deux favorites du tournoi sont les Italiennes et les Allemandes, de part leurs précédentes victoires. Elles ont toutes les deux une ligue nationale beaucoup plus développée au niveau féminin (au moins 7 ou 8 clubs, avec un plus gros budget). Une victoire contre l’une de ces équipes, ou les deux, serait un exploit superbe pour nous.

Nous avons rencontré la Norvège l’année dernière. C’était notre unique victoire au championnat 2015. Concernant la Belgique,  que nous allons rencontrer fin juin (matchs contre 2 clubs belges, dont certaines joueuses nationales), nous en saurons plus dans quelques semaines niveau jeu, elles n’ont pas participé au championnat l’année dernière.

En octobre dernier, sur l’Esprit du Cricket, Isabelle Costaz nous signifiait que les Dames de France n’avaient pas progressé entre la médaille de bronze au tournoi 2014 et la 4ème place en 2015. Partages-tu cet avis ?

Dans une équipe, il y a toujours des progressions, qu’elles soient individuelles ou d’équipe. Nous avions été déstabilisées par plusieurs évènements lors de ce championnat. Notre force de groupe a été mise à l’épreuve. À Berlin, il y a 2 ans, nous sommes arrivées comme outsiders sur ce tournoi. Les conditions et l’organisation du jeu étaient exceptionnelles. Nous sommes arrivées 3ème sur 7. Nous avons cherché le plus haut dans nos capacités. L’année dernière a été très rude pour l’équipe, nous avions en face des équipes prêtes à prendre leur revanche sur l’année précédente. Il a été difficile de chercher le meilleur car nous n’avions pas l’esprit positif. Nous allons cette année donner le maximum, d’autant plus au regard des nombreux soutiens qui nous sont communiqués.

montage

Penses-tu l’équipe mieux armée cette saison pour revenir sur le podium ? Quelles sont les forces et faiblesses des Dames de France ?

Comme toute équipe nationale, une sélection est annoncée chaque année, la notre n’est pas finalisée encore. Il y a assurément de nouvelles joueuses et du coup de nouvelles surprises ! Notre ancienne capitaine est partie vivre à l’étanger, remplacée par la saumuroise Rebecca Blake. Rebecca a une connaissance parfaite du jeu, nous avons confiance en elle. Elle a tout d’une capitaine solide. Elle saura orchestrer les placements et le déroulement du jeu. L’année dernière, nous avons fait beaucoup de wides et de drops, cette année il n’y aura pas de relâchement. Nous allons rencontrer deux clubs en Belgique et Jersey pour des matchs amicaux, de plus une équipe française va faire une tournée en Irlande (5 matchs au nord et sud) en Juillet au niveau club, ce qui va nous permettre de rencontrer de très bonnes équipes, de jouer aussi sur le terrain international de Malahide à Dublin et nous améliorer encore et encore .

Le départ sous d’autres cieux du coach Mark Moodley a-t-il modifié quelque chose dans la vie et la préparation de l’équipe ? Son départ a-t-il été digéré ?

J’ai connu Mark Moodley comme coach sur une année seulement, à mon arrivée en équipe de France, il y a 3 ans. Il avait une bonne approche du coaching des DDF et faisait bien vivre le cricket féminin à Thoiry. Je pense que Mark continue à suivre notre développement depuis l’Australie, via les réseaux sociaux. C’est la troisième année maintenant qu’Andy German, Julien Blondel et Jéremmy Joubert nous accompagnent et nous coachent pour les championnats et tout au long de l’année ; ils remplissent qualitativement et avec beaucoup d’énergie leurs rôles et ils nous donnent des opportunités incroyables.

Au niveau international, entre la worldcup T20 et la création de ligues professionnelles féminines (Women Big Bash League en Australie, Kia Super League en Angleterre), on sent un développement solide du cricket féminin malgré les obstacles du sport féminin (manque de médiatisation, de sponsors). Ressens-tu, au petit niveau du cricket féminin français et européen, cette évolution positive ?

Le cricket féminin dans ‘les tests playing nations’ avec sa professionnalisation récente et ses compèt’ de 20 overs sont un monde à part. Nous en France, nous vivons carrément dans un autre monde du cricket. Globalement, en réalité, nous ne sommes même pas passés par la case départ. En voyageant autour des clubs en France, on voit qu’il n’y a rien pour franciser ce jeu. Combien de clubs essaient d’accueillir des débutants ? Tous nos clubs sont soit asiatiques soit anglophones et 98% masculins. S’il n’y a pas un changement radical dans la philosophie des clubs pour accueillir des débutants et de franciser mieux ce jeu alors ça va tourner en rond encore 20 ans de plus. En ce moment, en France, il y a seulement deux clubs et demi qui forment les joueuses féminines !! Nous regardons donc de loin ces grands évènements tous près.

ACTU-3000

Au delà de ce tournoi, quelles sont les ambitions et/ou les rêves du cricket féminin français tant en France qu’au niveau international ?

Ma réponse est liée à la question précédente. En francisant ce jeu, la synergie de développement est nettement plus importante. L’Allemagne est un exemple à suivre au niveau de cricket féminin. Les Allemandes sont arrivées à avoir 8/9 clubs, sans importer trop de joueuses des pays traditionnels de cricket dans leur équipe nationale. Donc le but est de ne pas perdre ce que nous avons passé tellement de temps et d’énergie à bâtir et d’apporter de nouvelles générations.

Pour conclure, un mot plus personnel sur ta pratique. Peux-tu nous décrire ton plaisir de jouer au cricket et tes envies pour l’avenir dans ce sport ?

En quatre ans d’activité, je n’ai cessé d’apprécier ce sport, les différents postes au sein d’une équipe apportent tous tellement de satisfaction, il faut les tester notamment pour comprendre l’importance de l’esprit d’équipe, car l’encouragement général est un atout primordial. Je suis avant tout batteuse, je ne sais pas si j’aime ou si je déteste l’adrénaline que l’on ressent quand, à deux batteurs, on entre sur le terrain, en tout cas cette sensation est une explosion de sensations. Ce que je souhaite pour toute personne qui aime le sport et ses sensations, c’est de tester le cricket. Nous sommes dans un esprit du jeu très soudé, et prêts à le développer, l’enseigner, le faire vivre autant que possible.

Merci Emmanuelle et bonne chance pour cet été.


Laisser un commentaire